L' école publique, facteur d'intégration en grand danger ! Je lisais ce 1 mars dans le JSL, un article intitulé « L'école, le travail et la guerre, des facteurs d'intégration ». L'objet de l'article était l'intégration des populations polonaise du bassin minier dans les années 1925/1950. Si la question du travail et de la guerre ne concerne pas mon propos, celle de l'école en revanche m'intéresse. Aujourd'hui autant qu'hier en effet, la question du rôle de l'école dans le processus d'intégration sociale et culturelle reste d'une brûlante actualité. S'il ne s'agit plus naturellement de l'intégration des migrations massives , l'enjeu reste de même nature lorsqu'il s'agit de traiter de la cohésion sociale, de la construction des solidarités actives par opposition aux phénomènes d'exclusion et de ségrégation sociale, économique et culturelle. Le rôle de l'école –de l'école publique- est essentiel à cette conception républicaine d'une société d'équilibre et de justice, d'équité et de solidarité. Dès lors qu'on ne remet pas en cause, évidemment, le principe de la scolarisation obligatoire, la question de l'accueil de tous les enfants et des jeunes habitant le territoire national reste entière. La seule réponse qui puisse lui être apportée dans une République laïque, est celle de l'école publique, la seule école qui ait vocation à les accueillir tous, des moins aux plus favorisés. C'est de là que naît cette vocation d'intégration Cela passe naturellement déjà par l'existence et la défense d'une école maternelle accueillante au plus tôt, en particulier dans les zones où les difficultés sociales, économiques et culturelles s'accumulent. Une maternelle dont les apprentissages doivent être défendus comme autant de prérequis indispensables à la construction des savoirs fondamentaux et à ceux de la vie sociale. Cela passe encore par une institution scolaire qui soit capable de se concevoir autour de l'intérêt de l'enfant plutôt que de la satisfaction des besoins du marché ; en favorisant plutôt la prise en compte des rythmes de vie et des modes de construction des connaissances que de la recherche de la performance ; une école de la construction curieuse et expérimentée des savoirs plutôt que du formatage des esprits. Cela suppose que le bloc « primaire-secondaire » de l'école soit conçu globalement comme une offre de formation citoyenne et républicaine plutôt que de l'être comme un outil de sélection précoce. Notre école ne va pas bien. Elle a besoin de réforme, c'est vrai. Mais aucun des traitements qui lui sont prescrits ne l'aideront à reprendre des couleurs. On doit même craindre le pire et s'autoriser à accuser le prescripteur de tous ces remèdes, de maltraitance délibérée ; l'école publique est en grand danger. - Qu'il s'agisse de la réforme des contenus ( programmes du primaire, réforme du lycée), ou de la semaine scolaire, des suppressions de postes, de la disparition des dispositifs de prise en charge de la difficulté scolaire, de la dérogation au périmètre scolaire, de l'évaluation performante, pour ce qui est des élèves… - qu'il s'agisse de la mastérisation de la formation des enseignants, de leur précarisation par le jeu « subtil » des heures supplémentaires (HSA) compensant la réduction des dotations horaires globales (DHG), de la création d'une agence nationale de remplacement comme de celle des établissements publics d'enseignement primaire (EPEP), de l'instauration du service minimum d'accueil,…. pour n'en citer que les principales, aucune de ces réformes n'a été pensée ni dans l'intérêt de l'école, ni dans l'intérêt des élèves et de leurs familles. Jamais concertées, elles ne servent qu'un projet inavouable: celui du démantèlement méticuleux du système éducatif et de son service public d'Education nationale. Une fois dépecé, il ne coûtera rien sur le marché et les prédateurs ne manqueront pas. Alors, si le triomphe absolu de la marchandisation du système devait aboutir, il se trouverait peut-être un nostalgique de l'école publique pour écrire dans les colonnes de ce journal qu' « au début du XXIème siècle, l'école aurait pu se voir confirmer dans son rôle de facteur d'intégration… »
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