Daniel AUDUC

Lettre ouverte à Thomas Thévenoud …et à tous les autres.

Cher Thomas,

Voilà bien longtemps que nous nous connaissons et nous avons partagé, du même côté de la ligne de pensée ou de côtés opposés quelquefois, tellement de combats politiques et d’engagements militants au sein du Parti Socialiste.
Je sais la finesse de ton esprit, l’intelligence de ta pensée, la qualité de ta réflexion, tout ce qui a contribué à faire de toi un homme brillant, au destin prometteur.
Je sais aussi ta propension à fustiger les errements de tes alter ego, leurs mauvaises façons, leurs sorties de route, leurs fautes, au sein y compris de ton propre camp.
Je sais ton engagement pour la justice sociale, pour la citoyenneté républicaine et l’équité.
Je sais tout ce qui a façonné le talent du jeune homme brillant, du parangon de justice et de probité, de l’homme public légitimement ambitieux.
Et c’est parce que je sais tout cela que je veux te dire aujourd’hui, plus que mon incompréhension, ma stupéfaction devant la posture publique que tu adoptes.
Je ne puis, un seul instant, envisager que tes frasques révélées depuis une semaine puisent leurs racines au terreau de la malhonnêteté.
Mais je ne puis croire, un seul instant non plus, qu’en plaidant la négligence, en alléguant la « phobie administrative », tu n’aies pas conscience de l’immoralité de cette posture.
Évidemment tes négligences récurrentes, même dépourvues de malhonnêteté, sont coupables.
Et la convocation du syndrome pathologique en argument de défense parait bien dérisoire face à l’improbable dissociation de la culpabilité et de la responsabilité.
Coupable dans ces affaires, mon cher Thomas, ta responsabilité est pleine et entière et je m’étonne sincèrement que tu n’en aies pas tiré les seules conclusions acceptables que commandent l’honneur et la morale: la remise de ton mandat de député aux mains de celles et ceux qui te l’ont confié.
Si je prends le temps de ce courrier, c’est pour te le dire solennellement: il n’est pas encore trop tard pour un sursaut de dignité.
Remets en jeu ton mandat de parlementaire; prends le temps de dire à celles et ceux qui t’ont accordé leur confiance, qui t’ont accompagné pour la gagner, que ce qui compte par-dessus tout dans ton engagement, ce sont les principes qui le fondent et non les ors du pouvoir et ta carrière personnelle.
Aie la force du courage et de la morale, celle des valeurs qui t’animent.
La République citoyenne est une République de principes dont la force s’incarne en des femmes et des hommes investis de la confiance de leurs concitoyens. La politique anime la République en offrant des choix d’orientations portés par ces femmes et ces hommes de principes.
Respecte les gens qui espèrent encore de la République, de la gauche et des valeurs qu’elle ne devrait jamais sacrifier plutôt que de les incarner… c’est déjà tellement difficile pour nous tous aujourd’hui…
Abandonne la posture adoptée qui confine au mépris du peuple et participe du naufrage institutionnel auquel d’autres que toi, à droite comme à gauche, ont déjà largement contribué.
Démissionne.
C’est ainsi et ainsi seulement, que tu participeras à la grandeur de l’engagement citoyen, à la noblesse de nos convictions, au respect du mandat du peuple.
Bien à toi.
À Montchanin, le 10 septembre 2014
Daniel Auduc
Ancien Président du
Conseil fédéral du Parti Socialiste
en Saône-et-Loire.



Daniel AUDUC